Hier nous avons fait le déplacement Tana-Majunga. C'est la première fois que nous faisions ce voyage en taxi-brousse ? Ce choix a été facilité par deux circonstances : le taxi première classe était complet pour ce lundi, et deux Soeurs des Sacrés-Coeurs (Maguy – la provinciale, et Sandrine – économe de l'école Notre-Dame à Mahajanga) partaient par le taxi-brousse ce même lundi.
Un inconvénient du taxi-brousse est qu'on ne sait pas trop à quelle heure il partira : il attend d'être suffisamment rempli. Nous étions donc à 7 h 30, horaire de départ prévu, au "stationnement" , nom local de ce qui sert de gare routière. C'est un endroit très animé. Autour d'innombrables minibus (essentiellement de marques japonaises, quelquefois des Mercedes) en cours de chargement – installation des bagages plus ou moins sous bâche sur les galeries – s'agglutinent les voyageurs, parfois rabattus par des chasseurs qui coursent les taxis amenant les candidats au voyage. Il faut dire qu'il y a beaucoup de concurrence. Le nombre de minibus croisés sur le parcours est considérable, plusieurs compagnies (des "coopératives") se disputent le marché.
L'attente est meublée par les vendeurs ambulants. C'est parfois du harcèlement. Pendant la grosse heure de notre attente nous avons eu l'occasion d'acheter : des carottes, des citrons, des mandarines, du cervelas, des pâtisseries diverses et du pain, des journaux, des lampes de poche, des bloc-prises électriques, des lambas, des couteaux « suisses » avec cuiller et fourchette, des stylos, des montres (dont des Rolleix garanties "authentiques " pour Ar 25000, soit 10 euros...), des lunettes – correctives ou de soleil, des tondeuses électriques, stylos, CD de musique locale, fers à souder, peignes, carnets et répertoires, tournevis à embouts, clefs à fourche... Pour ce que j'ai pu identifier rapidement. Par contre je n'ai pas remarqué de mendiants : peut-être était-il trop tôt...
Peu avant neuf heures le minibus de la Kofmad quitte le stationnement, presque plein (14 places payantes), et il faut près d'une demi-heure pour sortir de Tana, en raison des difficultés de circulation. A un moment donné le chauffeur a mis sa ceinture de sécurité. Quelques hectomètres plus loin : barrage de la gendarmerie, qui examine de près tous les papiers du chauffeur, et vérifie le nombre des passagers. Sur le trajet je n'ai pas compté le nombre d'arrêts de ce type (gendarmerie ou police, parfois peut-être l'armée ?) : à chaque fois il n'y a eu que la vérification que le nombre de passagers était conforme – pas plus de trois personnes par rangée.
Nous occupions les deux places réputées les meilleures du minibus : celles situées au second rang, derrière le chauffeur, la place disponible pour les jambes est plus importante.
Le voyage a duré un peu plus de onze heures. Pour mémoire, une borne kilométrique sur la route de Tana à Mahabibo (quartier de Majunga) indique ? Tana 568 km ?. Comme il n'y eut guère plus d'une heure d'arrêts divers – dont une petite demi-heure pour le déjeuner (riz et poulet dans un "hotely" pour un peu moins d'un euro avec une demi-portion de riz) la moyenne horaire n'est pas terrible.
Mais elle aurait été à peine meilleure avec un "taxi première classe". En cause :
. le profil de la route, avec beaucoup de pentes – sauf les cent derniers kilomètres- et de virages ;
. d'innombrables ponts, surtout dans la dernière partie plate, avec gendarmes couchés en entrée et en sortie bien souvent. A signaler le pont métallique sur la Betsiboka, particulièrement long, et un beau pont suspendu plus loin. Les anciens du Génie remarquent aussi un pont Bailey -donc "provisoire"- qui double un pont métallique banal désaffecté quelque part ;
. la systématisation des gendarmes couchés en début et fin des zones habitées : un grand progrès pour la sécurité des habitants ! Nous avons le souvenir de ces minibus traversant les rues à tombeau ouvert en klaxonnant à qui mieux mieux ;
. quelques portions dégradées - nids de poule évoluant vers le nid d'autruche- principalement sur le dernier quart de l'itinéraire Tana-Majunga, qui obligent le chauffeur à fortement ralentir pour négocier une trajectoire ;
. à partir de 17 h 45 les phares sont nécessaires, et le croisement des véhicules d'en face, notamment des camions, sur une voie potentiellement trouée et assez étroite, oblige à ralentir nettement.
Au total une journée qui n'est pas de repos. Difficile de dormir... Difficile de lire ou de faire des mots croisés...Une longue journée.
Peu après 20 h nous étions au stationnement de l'avenue de l'Indépendance à Majunga. Restait à choisir un taxi pour nous conduire à Antanimasaja, au Centre de formation Don Bosco où nous attendaient les Pères Julien (un Malgache) et Bepi (un Italien). Et le dîner. Avant d'occuper notre chambre pour un bon repos commencé dans la relative fraicheur de la nuit, tombée depuis longtemps.
A première vue rien de changé dans l'environnement et les activités du pays. Hélas … concernant les feux de brousse ! Passer dans la nuit avec des flammes au bord de la route, on s'en serait dispensé.
Notre minibus était moins chargé que celui de la photo, prise à une pause à 150 km environ de Majunga.
Ecrit le 9 juin.
Très belle narration. Pour le taxi first classe, il a un concurrent maintenant et c'est le Transplus première classe.
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merci