vendredi 19 juin 2009

Jours de Fête

Les hasards du calendrier ont fait que notre séjour à Mahajanga englobe les festivités organisées pour célébrer le 25° anniversaire du Centre Don Bosco.

Il faut dire que cette institution, fixée depuis une bonne dizaine d’années dans le quartier périphérique d’Antanimasaja, est importante pour la ville. Outre le Centre de Formation Professionnelle, très renommé localement, on trouve sur le même site les installations de l’Oratorio, structure d’accueil et d’animation pour des centaines de jeunes les week-ends et vacances. A moins de cinq cents mètres se trouve l’église de la paroisse Ste Thérèse, gérée par les Salésiens de Don Bosco, dont dépend une école primaire – Dominique Savio – accueillant des élèves d’un quartier pauvre de pêcheurs (voisin d’Aranta pour ceux qui connaissent). A côté de l’église se trouve un gros groupe scolaire, école et collège – Marie Auxiliatrice, tenu par les sœurs salésiennes. De plus, sur un terrain donné par les Salésiens, a été édifié un dispensaire – notamment avec un laboratoire d’analyses, une maternité, un cabinet dentaire -de grande qualité, géré par les religieuses de St-Maurice, congrégation d’origine suisse. C’est vous dire l’importance sociale des œuvres de Don Bosco à Mahajanga.

Et on en attend rien moins que des miracles !
Par exemple je me tenais hier en observation de la vie et du fonctionnement des ateliers. J’ai vu arriver deux « clients » particuliers. Le premier amenait une hélice de bateau (environ 60 cm de diamètre), et un arbre en acier (près de deux mètres de long, et 6 ou 7 cm de diamètre. Je suppose que le travail demandé a été de réaliser une liaison démontable de l’hélice sur l’arbre. Le second amenait un arbre de boîte de vitesses avec ses pignons, dont l’un avait deux dents manquantes – d’après l’allure des surfaces l’une était cassée depuis longtemps, et la suivante fraîchement. Ici on refait les dents des engrenages. J’en ai vu un en cours de finition. Je ne sais pas par quel procédé de soudure on rapporte du métal en refaisant d’abord grossièrement les dents. Puis on travaille un peu au tour, et on fignole surtout le profil des dents avec la meuleuse d’angles.
Je ne sais pas la longévité espérée de telles réparations…
Les dentistes ici – c’est à l’université de Mahajanga que sont formés tous les dentistes de l’Ile – feraient bien de s’inspirer de cette volonté réparatrice !


Il y a donc eu cinq jours de fêtes et manifestations.

Je passe sur les trois jours de « Portes Ouvertes » du Centre de Formation Professionnelle. Pour mentionner trois soirées – vendredi, samedi, et dimanche - de la kermesse paroissiale autour de l’église, inaugurée avec l’Evêque du diocèse de Mahajanga, récemment entré en fonction. Nous y avons vu notamment deux attractions phares : une grande roue de six ou sept mètres de diamètre avec six nacelles, décorée de lumières (après 18 h c’est la nuit noire), et un manège de chevaux de bois, tous deux de facture artisanale, et mus à la force des bras. Heureusement d’ailleurs, car une panne électrique générale sur la ville a sévi pendant un quart d’heure aussitôt l’entrée des officiels.

Le samedi matin a été occupé par l’inauguration-bénédiction d’un imposant bâtiment sur le terrain de l’Oratorio. On pourrait appeler cela un centre de ressources. Il y aura une grande bibliothèque, de prêt et de travail – on peut continuer à récolter livres didactiques tous niveaux, y compris universitaires, et lectures pour jeunes et grand public : elle est destinée principalement à toute la jeunesse de Mahajanga. A terme il y aura aussi une salle d’informatique. Et divers organismes s’occupant de la jeunesse – par exemple « Enfants du Monde – Droits de l’Homme »- y auront leurs bureaux. En dignes descendants des Romains, les Salésiens italiens ne font pas dans le riquiqui : locaux et couloirs vastes, aérés et éclairés. Un nouveau pôle au bénéfice de la population.
Après les discours d’usage, la bénédiction suivie de la visite des locaux pas encore meublés, à l’heure de l’apéritif, un énorme gâteau à la crème a été découpé, et servi avec les rafraîchissements.


Le samedi après-midi le clou était une course à pied : un « semi-marathon » - cf. infra – entre le site primitif de Don Bosco en centre ville, près de la cathédrale, quitté il y a une dizaine d’années, et le « nouveau » à Antanimasaja, en passant par « le » baobab, la corniche, le port aux boutres…Environ 500 jeunes ont rivalisé d’effort (il fait chaud à 15 h !), dont trente à quarante filles. Le premier à se présenter s’est écroulé cent mètres avant l’arrivée : conduit au proche dispensaire, quelques heures plus tard il repartait sur ses deux jambes – il n’a pas eu le sort, heureusement, du vrai coureur de Marathon. Mais, sachant que le premier à franchir la ligne d’arrivée a mis moins d’une demi-heure, quelle était approximativement la longueur du parcours ? Les cent premiers (et l’évanoui) ont gagné un tee-shirt, les suivants une casquette.

Après cela quelques dizaines de personnes se sont employées à préparer les zébus pour la fête du lendemain. Trois zébus ont été abattus, puis débités sur une grande bâche, et la viande – fait exceptionnel – mise au froid dans la gondole frigorifique envoyée du Lycée Technique St-Louis (la Roche sur Yon) en janvier 2008, jusqu’au lendemain.

Au petit matin du dimanche la viande a été mise à cuire dans des grandes marmites alignées. Elles étaient posées sur trois piquets métalliques enfoncés dans le sol, et chauffées au bois, à proximité d’un très grand hangar tout neuf où d’innombrables madriers – sommairement équarris – posés sur des parpaings constituaient l’essentiel des sièges face à un vaste podium. Des toiles tendues augmentaient la surface à l’abri du soleil : il y avait place pour deux mille personnes.

C’est là que la messe a été célébrée, présidée par le Père Evêque ; elle n’a duré que deux heures. S’en est suivi le déjeuner sur place, selon le principe suivant : chacun était censé apporté son riz cuit, la viande cuite de zébu était offerte aux convives, qui m’ont paru encore plus nombreux que les participants à la messe.
Pas de fête digne de ce nom sans zébu au menu. Toutefois pendant ces agapes populaires, nous avions rejoint la maison salésienne pour déjeuner autour de l’Evêque, avec… du poulet.
Renseignements pris il y eut assez de viande pour tout le monde et chacun a été rassasié : « La viande était très bonne ; elle était grasse ! »

L’après-midi a vu se produire sur le podium quarante-cinq groupes de jeunes, d’enfants ou d’adultes, de la paroisse, de l’oratorio, des écoles diverses, pour un numéro de chant ou de danse, devant les centaines de spectateurs encore présents. Un bon signe de la vitalité des œuvres salésiennes et paroissiales.

Et au dîner nous avons retrouvé nos accueillants salésiens, fourbus, mais heureux et comblés par le succès des diverses manifestations.

Lundi matin : rangements…

Jean-Paul, le 19 juin 2009

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