mercredi 29 juillet 2009

Achèvement

Au cours de nos derniers jours à Ijely nous avons fait deux déplacements remarquables.

Une incursion en profondeur dans la brousse sur des pistes difficiles - acrobatiques même pour le 4x4 - en direction du lac Itasy, au-delà de Manazary. Nous étions accompagnés de deux religieuses malgaches de l'Immaculée (de Niort) et de quatre jeunes étudiants en médecine au seuil de leur internat à Poitiers, qui ont passé quelques semaines à Miarinarivo et Antsirabé dans les établissements hospitaliers. La "promenade" avait deux buts principaux : un tombeau royal sur une colline au bord du grand lac, et un camp pénal en rase brousse, lieu semi-ouvert de travaux forcés pour condamnés. Ce fut aussi un coup d'oeil sur les réalités des conditions de vie loin des axes de circulation, l'isolement des populations concernées, les enfants loin des écoles, la vie en autarcie dans la précarité sanitaire et économique...


Deux jours plus tard nous avons fait le déplacement à Mandiavato, localité proche de Miarinarivo (environ 30 km, dont 18 de piste qui demandent plus de trois-quarts d'heure en saison sèche aux taxis-brousse qui s'y risquent) où il y a quelques années des soeurs malgaches d'une congrégation italienne ("orionistes") ont repris et developpé une école devenue aussi collège. Il y a deux ans nous avions eu en formation un professeur de maths et un de physique. Les deux sont partis il y a un an, celui de physique emportant tout le matériel qui lui avait été remis pour le laboratoire du collège...Dans le véhicule nous avions mis les caisses de livres (un dizaine), arrivées par le conteneur parti de la Roche début janvier 2008, qui attendaient à Ijely depuis un an environ.

Là encore nous vu "de la belle ouvrage", avec des locaux scolaires en partie récents et de bonne facture.


Mais nous avons aussi touché du doigt la difficulté de convaincre des enseignants à venir se mettre au service des enfants et jeunes dans ces zones relativement reculées, et y rester.


Puis, après des aléas typiquement malgaches, nous avons eu la visite à Ijely du Père Maurice accompagné de Bernard Pineau et de sa fille Valérie, fraîchement descendus de leur avion, en route vers Fianarantsoa. Nous avons entamé avec eux notre voyage retour pour le premier morceau : Ijely - Antananarivo, soit deux bonnes heures. Le reste du voyage s'est passé sans histoire : une nuit à Tana, vol Ivato - Orly, nuit à Athis-Mons, TGV jusqu'à Nantes et TER pour finir.


Merci à François venu nous cueillir (accueillir aussi) à la gare yonnaise, et à Nathalie qui nous avait préparé un bon déjeuner : sans riz !









jeudi 16 juillet 2009

KABARY


Le 10 juillet s'est trouvé être le dernier jour de rencontre pour les stagiaires d'Ijely. Deux groupes ont fonctionné sur les deux semaines : celui du matin, les instituteurs des écoles primaires de brousse dépendant du district (paroisse) d'Ambotitanimena, environ vingt-cinq personnes, et le groupe de l'école-collège d'Ijely, une bonne quinzaine de personnes, fonctionnant l'après-midi.
Pour l'essentiel ce fut du travail sur l'expression en français, avec des incursions pour quelques uns vers l'informatique ou la physique.

Comme partout, mais plus particulièrement à Madagascar, la fin ne se conçoit pas sans « cérémonie ». Discours et cadeaux font partie du rituel, ainsi que le rafraîchissement. Chants et danses peuvent aussi agrémenter ce moment où une certaine tristesse pourrait prendre le dessus.

Ainsi nous avons eu droit à deux séances de clôture pour l'activité officielle conduite ici à Ijely.

A titre d'illustration voici les quelques mots de Jeannette (privilège de l'âge, ce fut à elle de parler au groupe des instituteurs de brousse), qui expriment bien l'état d'esprit d'une « nouvelle » à Madagascar :

« Notre séjour se termine, le coeur un peu « serré ».
Après l'appréhension du début, un premier contact avec les enseignants d'Ijely et ceux de la brousse, tout est devenu facile : l'accueil chaleureux des Malgaches, l'envie de bien parler le français, les discussions enrichissantes sur nos deux pays, le partage de nos cultures et des temps de prière.
C'est donc avec beaucoup de regret et d'émotion que nous quittons Ijely, mais avec l'espoir (qui sait ?) d'y revenir un jour... »

Chantal de son côté précisera :
« Arrivés à Mada, ce qui frappe d'abord, c'est le paysage, le rouge, le vert, et le ciel bleu sans nuages. Puis les chemins façonnés par les taxis, les vélos … et les pieds ! Enfin on voit ces hommes, ces femmes, ces enfants, souriants, et accueillants au vazaha de passage. »

Comme on le constate une fois plus, Madagascar, physiquement et humainement conserve un pouvoir de séduction, et les soubresauts politiques n'y changent rien.

Depuis Martine, Jeannette et Chantal ont rejoint Mahajanga pour une autre tranche de leur voyage.

mardi 7 juillet 2009

"Deux-Chevaux" et Mono-zébu...

Nous sommes depuis une semaine au Centre Salésien Don Bosco d'Ijely, un lieu-dit situé à quelques kilomètres de la capitale de la Région Itasy, l'une des 22 qui se partagent le territoire malgache.


Les choses suivent leurs cours normalement, avec les impondérables malgaches.Nous sommes retournés brièvement à Tana pour accueillir Martine, arrivée samedi en fin de matinée de Paris par le vol Corsair.


Plutôt que de vous narrer le quotidien de la vie et des activités qui sont les nôtres à Ijely, je choisis un thème bien particulier : tout ce qui roule à Tana - il est facile de l'étendre à toute la
Grande Ile, mais avec des particularités locales.


L'observation des véhicules empruntant les voies de la capitale est un spectacle fascinant.S'agissant des matériels automobiles, ce qui frappe peut-être en premier, c'est le côté "conservatoire" de l'endroit. Mais pas le musée où dorment dans la naphtaline les modèles d'antan. Un musée animé. Par exemple beaucoup de taxis sont des « deux-chevaux » - souvent "customisées" avec des enjoliveurs de roue, et surtout avec un toit métallique à la place de la toile d'origine - et des 4L. Bien sûr il y a des véhicules récents, comme taxis ou voitures particulières, et quelques 4x4. Globalement le parc "véhicules légers" a 20, 30 ans et plus...Leurs propriétaires doivent faire preuve d'ingéniosité et de patience pour les maintenir en état de rouler. Sur les marchés "fixes" on voit d'invraisemblables tas de pièces détachées provenant de démontages, et les échoppes "collage Ferodo" - entendre "réfection d'embrayage" - abondent. Il y a aussi de vrais garages et des concessions.

Et vous pouvez vous offrir tous les jours pour pas cher (point de vue vazah !)tous vos déplacements urbains en Mercedes ! A Tana, en effet, la quasi-totalité des minibus chargés des transports collectifs, sont de marque Mercedes. Parfois on voit aussi rouler des vestiges, genre petit camion Renault des années cinquante aménagé pour le transport des passagers.


A Tana le chargement des passagers se fait par l'arrière, là où officie le rabatteur-receveur. Tous les passagers doivent être assis, ou donner à la police l'impression de l'être. Imaginez ce que cela donne cinq adultes de front dans le minibus, la personne du milieu assise sur un tronçon de planche (de palette) reposant par ses extrémités sur les deux banquettes latérales pas assez larges pour deux personnes de corpulence moyenne. Nous avons souvent voyagé ainsi à Mahajanga où la loi est la même. Ca tient chaud ! Qui dira que nous n'avons pas éprouvé certaines conditions de vie des Malgaches de base ?

La traction animale est peu présente dans les rues de la ville. Mais on la remarque en périphérie, notamment sur les itinéraires de dégagement créés depuis quelques années. La charrette des hauts-plateaux, avec sa toile caravane du far-west, tirée par deux zébus, s'arrête souvent aux "portes" de la ville où aboutissent les grandes routes : RN1 vers Miarinarivo, RN4 vers Mahajanga, RN7 vers Antsirabe...Une curiosité aussi à Tana : la charrette mono-zébu (dans le nord aussi paraî-t-il). On voit beaucoup de transports de sable et de briques utilisant les attelages de zébus. Et ne pas oublier que Tana est constitué d'un groupe de collines séparées par d'anciens marécages devenus des rizières et aussi d'une foule de sites d'extraction de terre ou d'argile pour mouler des briques, cuites sur place en d'imposants faux édifices, avant d'être proposées à la vente. Les zébus broutent les souvenirs de paille riz...


Je passe sur les vélos – de moins en moins rutilants, les scooters – solution aux embouteillages fréquents – beaucoup plus nombreux que les petites motos chinoises (ce n'est pas le Bénin ou le Congo-B!)- mais je signale l'absence remarquable des « pousses » en ville. Les seuls que nous
ayons remarqués ont été vus près de l'aéroport d'Ivato, soit à « 15 km » de Tana Centre.
Par contre, si la « traction humaine » est absente dans le transport des personnes, elle surabonde dans le transport de matériaux et marchandises divers : matériaux de construction (bois, fer à béton, sable, briques, ciment, tôles), charbon de bois, bidons vides en échafaudages impressionnants, bidons plus rares s'ils sont pleins (eau ou huile), sacs de riz, chaumes pour les toits, fruits et légumes, matelas en mousse, meubles divers, boissons en bouteilles...Il y a dix ans on voyait ces transports effectués sur des « chassis » comparables aux pousses pour personne principalement. Maintenant ce matériel roulant est devenu rare. Il a trouvé un successeur dans ce qu'on peut appeler une charrette à bras : une caisse à structure métallique sur un essieu de provenance automobile, avec un double timon terminé en U. La plupart du temps la locomotion est assurée par deux personnes (jamais des femmes), l'une tire, l'autre pousse. Il faut dire qu'on devine des chargements de plusieurs centaines de kilogrammes, et il y a des rues très pentues à Tana qui nécessitent encore des renforts ponctuels.

La brouette est rarement dans la rue. Mais il y a un nombre considérable de petites plate-formes sur trois ou quatre « roues », souvent pourvues d'une direction et d'un frein.Ordinairement c'est du bricolage : deux ficelles pour la direction – ou parfois un volant en fer à béton, des roues pleines en bois sur lesquelles on a cloué des morceaux de vieux pneus. Parfois les roues sont remplacées par des roulements à billes dont la bague extérieure est en contact direct avec le sol. On assiste là à un concours d'astuces. La taille des plate-formes varie, de l'ordre du mètre-carré, et de plus petites sont utilisée à l'occasion comme distraction par les enfants. Mais la plupart du temps c'est un transport utile : eau, marchandises diverses... On voit trop souvent des hommes d'âge indéfinissable, aux pauvres vêtements et pieds nus, pousser devant eux ce genre de fardier brinquebalant, avec une charge marchande sans doute peu rémunératrice.

Ce recours assez massif à l'effort physique humain interroge le visiteur. Certes il y a de bons côtés : pas d'émission nuisible dans l'atmosphère, emplois nombreux. Mais pour quelle qualité de vie, quelle perspective pour une vie améliorée ? Cette part excessive de l'effort physique rappelle les conditions qui ont permis le développement de l'esclavage.

Pour une part les charrettes à bras causent les embarras de la circulation à Tana. Les rues sont plutôt étroites, les voitures sont parfois obligées d'aller au pas de ceux qui ahanent, suent et soufflent, très concentrés sur leurs efforts.


Il n'y a pas de doute : éléphant, chameau, buffle, cheval, boeuf, âne, yak, lama, zébu, leur domestication a été un grand progrès.

samedi 27 juin 2009

De Mahajanga à Antananarivo


23 juin 2009

Non, nous n’avons pas fait le trajet Majunga- Tana en charrette à zébus, mais en « taxi Première Classe » : cinq clients dans un monospace Hyundaï récent, avec des bagages limités à 20 kg par personne. Evidemment la vitesse moyenne est meilleure qu’avec le taxi-brousse (moins d’arrêts, meilleures reprises après les obstacles, pas de surcharge côté bagages, pas de hauts de côte poussifs…).

Partis peu avant 7 h, nous sommes arrivés, près de Manjakaray – le quartier de Tana où est la maison des Sœurs des Sacrés-Cœurs -vers 16 h 30, avec pourtant une approche de Tana très encombrée. Comme toute la ville d’ailleurs, car il nous a fallu plus d’une demi-heure, dans une circulation anarchique, pour les deux derniers kilomètres en taxi-ville, entre le terminus et la maison des Sœurs.

Un retour nettement plus confortable que l’aller – avec un plateau-déjeuner servi à mi-parcours, au bord ombragé d’une rivière- et donc moins fatigant et qui donne davantage envie de jouir des paysages traversés, et de prendre quelques photos à travers les vitres. (Bien sûr, c’est trois fois le prix du taxi-brousse, mais bien moins cher que l’avion. Pour 32 € - déjeuner compris – c’est une bonne solution. Il nous restera, une autre fois, à essayer « Transpost » qui est également à « horaires garantis », assez confortable, et sans doute un peu moins cher, mais qu’il faut également réserver).

Un paysage assez plat plutôt steppique au sortir de Mahajanga, herbes sèches pas très hautes, arbustes d’apparence chétive, pas de beaux arbres. Au bout d’une heure et demie on arrive dans la plaine de Marovoay, immense rizière irriguée par l’eau de la Betsiboka proche retenue par une digue-route.


Peu à peu le relief apparaît et s’accuse, avec d’immenses étendues apparemment vides d’habitants, lesquels semblent s’agglutiner dans les petites agglomérations toujours grouillantes et commerçantes.


La longue traversée Majunga-Tana me laisse deux impressions contradictoires.

La persistance de la mauvaise habitude des feux de brousse délibérés, sur des centaines d’hectares, ce qui nuit d’une part au devenir des arbres et arbustes, surtout aux jeunes pins – souvent plantés par milliers pour reconstituer le couvert végétal arboré - qui sont vulnérables, et d’autre part aussi parait-il à la tenue du sol, plus facilement entraîné à la saison des pluies.
En effet l’érosion par l’eau est ici spectaculaire : les « lavakas » sont typiques de Madagascar ; elles apparaissent comme des plaies rouges qui creusent les parties pentues. La surface des hautes terres est lardée de ces blessures.

La bonne impression, c’est le sentiment d’un petit progrès dans le domaine environnemental. Il m’a paru que les arbres regagnaient du terrain, qu’il y a de nombreux embryons de futures forêts, de pins et d’eucalyptus principalement, avec de nombreuses jeunes pousses qui en étendent l’aire. Espérons que leur croissance persiste !
De même il m’a semblé que les lavakas étaient moins actives : de nombreuses paraissent se stabiliser par la végétation. Mais peut-être que cette impression tient à l’habitude ou à la saison…

La bonne nouvelle c’est aussi que la route est encore en bon état sur 99 % du trajet.

vendredi 19 juin 2009

Jours de Fête

Les hasards du calendrier ont fait que notre séjour à Mahajanga englobe les festivités organisées pour célébrer le 25° anniversaire du Centre Don Bosco.

Il faut dire que cette institution, fixée depuis une bonne dizaine d’années dans le quartier périphérique d’Antanimasaja, est importante pour la ville. Outre le Centre de Formation Professionnelle, très renommé localement, on trouve sur le même site les installations de l’Oratorio, structure d’accueil et d’animation pour des centaines de jeunes les week-ends et vacances. A moins de cinq cents mètres se trouve l’église de la paroisse Ste Thérèse, gérée par les Salésiens de Don Bosco, dont dépend une école primaire – Dominique Savio – accueillant des élèves d’un quartier pauvre de pêcheurs (voisin d’Aranta pour ceux qui connaissent). A côté de l’église se trouve un gros groupe scolaire, école et collège – Marie Auxiliatrice, tenu par les sœurs salésiennes. De plus, sur un terrain donné par les Salésiens, a été édifié un dispensaire – notamment avec un laboratoire d’analyses, une maternité, un cabinet dentaire -de grande qualité, géré par les religieuses de St-Maurice, congrégation d’origine suisse. C’est vous dire l’importance sociale des œuvres de Don Bosco à Mahajanga.

Et on en attend rien moins que des miracles !
Par exemple je me tenais hier en observation de la vie et du fonctionnement des ateliers. J’ai vu arriver deux « clients » particuliers. Le premier amenait une hélice de bateau (environ 60 cm de diamètre), et un arbre en acier (près de deux mètres de long, et 6 ou 7 cm de diamètre. Je suppose que le travail demandé a été de réaliser une liaison démontable de l’hélice sur l’arbre. Le second amenait un arbre de boîte de vitesses avec ses pignons, dont l’un avait deux dents manquantes – d’après l’allure des surfaces l’une était cassée depuis longtemps, et la suivante fraîchement. Ici on refait les dents des engrenages. J’en ai vu un en cours de finition. Je ne sais pas par quel procédé de soudure on rapporte du métal en refaisant d’abord grossièrement les dents. Puis on travaille un peu au tour, et on fignole surtout le profil des dents avec la meuleuse d’angles.
Je ne sais pas la longévité espérée de telles réparations…
Les dentistes ici – c’est à l’université de Mahajanga que sont formés tous les dentistes de l’Ile – feraient bien de s’inspirer de cette volonté réparatrice !


Il y a donc eu cinq jours de fêtes et manifestations.

Je passe sur les trois jours de « Portes Ouvertes » du Centre de Formation Professionnelle. Pour mentionner trois soirées – vendredi, samedi, et dimanche - de la kermesse paroissiale autour de l’église, inaugurée avec l’Evêque du diocèse de Mahajanga, récemment entré en fonction. Nous y avons vu notamment deux attractions phares : une grande roue de six ou sept mètres de diamètre avec six nacelles, décorée de lumières (après 18 h c’est la nuit noire), et un manège de chevaux de bois, tous deux de facture artisanale, et mus à la force des bras. Heureusement d’ailleurs, car une panne électrique générale sur la ville a sévi pendant un quart d’heure aussitôt l’entrée des officiels.

Le samedi matin a été occupé par l’inauguration-bénédiction d’un imposant bâtiment sur le terrain de l’Oratorio. On pourrait appeler cela un centre de ressources. Il y aura une grande bibliothèque, de prêt et de travail – on peut continuer à récolter livres didactiques tous niveaux, y compris universitaires, et lectures pour jeunes et grand public : elle est destinée principalement à toute la jeunesse de Mahajanga. A terme il y aura aussi une salle d’informatique. Et divers organismes s’occupant de la jeunesse – par exemple « Enfants du Monde – Droits de l’Homme »- y auront leurs bureaux. En dignes descendants des Romains, les Salésiens italiens ne font pas dans le riquiqui : locaux et couloirs vastes, aérés et éclairés. Un nouveau pôle au bénéfice de la population.
Après les discours d’usage, la bénédiction suivie de la visite des locaux pas encore meublés, à l’heure de l’apéritif, un énorme gâteau à la crème a été découpé, et servi avec les rafraîchissements.


Le samedi après-midi le clou était une course à pied : un « semi-marathon » - cf. infra – entre le site primitif de Don Bosco en centre ville, près de la cathédrale, quitté il y a une dizaine d’années, et le « nouveau » à Antanimasaja, en passant par « le » baobab, la corniche, le port aux boutres…Environ 500 jeunes ont rivalisé d’effort (il fait chaud à 15 h !), dont trente à quarante filles. Le premier à se présenter s’est écroulé cent mètres avant l’arrivée : conduit au proche dispensaire, quelques heures plus tard il repartait sur ses deux jambes – il n’a pas eu le sort, heureusement, du vrai coureur de Marathon. Mais, sachant que le premier à franchir la ligne d’arrivée a mis moins d’une demi-heure, quelle était approximativement la longueur du parcours ? Les cent premiers (et l’évanoui) ont gagné un tee-shirt, les suivants une casquette.

Après cela quelques dizaines de personnes se sont employées à préparer les zébus pour la fête du lendemain. Trois zébus ont été abattus, puis débités sur une grande bâche, et la viande – fait exceptionnel – mise au froid dans la gondole frigorifique envoyée du Lycée Technique St-Louis (la Roche sur Yon) en janvier 2008, jusqu’au lendemain.

Au petit matin du dimanche la viande a été mise à cuire dans des grandes marmites alignées. Elles étaient posées sur trois piquets métalliques enfoncés dans le sol, et chauffées au bois, à proximité d’un très grand hangar tout neuf où d’innombrables madriers – sommairement équarris – posés sur des parpaings constituaient l’essentiel des sièges face à un vaste podium. Des toiles tendues augmentaient la surface à l’abri du soleil : il y avait place pour deux mille personnes.

C’est là que la messe a été célébrée, présidée par le Père Evêque ; elle n’a duré que deux heures. S’en est suivi le déjeuner sur place, selon le principe suivant : chacun était censé apporté son riz cuit, la viande cuite de zébu était offerte aux convives, qui m’ont paru encore plus nombreux que les participants à la messe.
Pas de fête digne de ce nom sans zébu au menu. Toutefois pendant ces agapes populaires, nous avions rejoint la maison salésienne pour déjeuner autour de l’Evêque, avec… du poulet.
Renseignements pris il y eut assez de viande pour tout le monde et chacun a été rassasié : « La viande était très bonne ; elle était grasse ! »

L’après-midi a vu se produire sur le podium quarante-cinq groupes de jeunes, d’enfants ou d’adultes, de la paroisse, de l’oratorio, des écoles diverses, pour un numéro de chant ou de danse, devant les centaines de spectateurs encore présents. Un bon signe de la vitalité des œuvres salésiennes et paroissiales.

Et au dîner nous avons retrouvé nos accueillants salésiens, fourbus, mais heureux et comblés par le succès des diverses manifestations.

Lundi matin : rangements…

Jean-Paul, le 19 juin 2009

mercredi 10 juin 2009

Vers Mahajanga...



Hier nous avons fait le déplacement Tana-Majunga. C'est la première fois que nous faisions ce voyage en taxi-brousse ? Ce choix a été facilité par deux circonstances : le taxi première classe était complet pour ce lundi, et deux Soeurs des Sacrés-Coeurs (Maguy – la provinciale, et Sandrine – économe de l'école Notre-Dame à Mahajanga) partaient par le taxi-brousse ce même lundi.

Un inconvénient du taxi-brousse est qu'on ne sait pas trop à quelle heure il partira : il attend d'être suffisamment rempli. Nous étions donc à 7 h 30, horaire de départ prévu, au "stationnement" , nom local de ce qui sert de gare routière. C'est un endroit très animé. Autour d'innombrables minibus (essentiellement de marques japonaises, quelquefois des Mercedes) en cours de chargement – installation des bagages plus ou moins sous bâche sur les galeries – s'agglutinent les voyageurs, parfois rabattus par des chasseurs qui coursent les taxis amenant les candidats au voyage. Il faut dire qu'il y a beaucoup de concurrence. Le nombre de minibus croisés sur le parcours est considérable, plusieurs compagnies (des "coopératives") se disputent le marché.

L'attente est meublée par les vendeurs ambulants. C'est parfois du harcèlement. Pendant la grosse heure de notre attente nous avons eu l'occasion d'acheter : des carottes, des citrons, des mandarines, du cervelas, des pâtisseries diverses et du pain, des journaux, des lampes de poche, des bloc-prises électriques, des lambas, des couteaux « suisses » avec cuiller et fourchette, des stylos, des montres (dont des Rolleix garanties "authentiques " pour Ar 25000, soit 10 euros...), des lunettes – correctives ou de soleil, des tondeuses électriques, stylos, CD de musique locale, fers à souder, peignes, carnets et répertoires, tournevis à embouts, clefs à fourche... Pour ce que j'ai pu identifier rapidement. Par contre je n'ai pas remarqué de mendiants : peut-être était-il trop tôt...

Peu avant neuf heures le minibus de la Kofmad quitte le stationnement, presque plein (14 places payantes), et il faut près d'une demi-heure pour sortir de Tana, en raison des difficultés de circulation. A un moment donné le chauffeur a mis sa ceinture de sécurité. Quelques hectomètres plus loin : barrage de la gendarmerie, qui examine de près tous les papiers du chauffeur, et vérifie le nombre des passagers. Sur le trajet je n'ai pas compté le nombre d'arrêts de ce type (gendarmerie ou police, parfois peut-être l'armée ?) : à chaque fois il n'y a eu que la vérification que le nombre de passagers était conforme – pas plus de trois personnes par rangée.

Nous occupions les deux places réputées les meilleures du minibus : celles situées au second rang, derrière le chauffeur, la place disponible pour les jambes est plus importante.

Le voyage a duré un peu plus de onze heures. Pour mémoire, une borne kilométrique sur la route de Tana à Mahabibo (quartier de Majunga) indique ? Tana 568 km ?. Comme il n'y eut guère plus d'une heure d'arrêts divers – dont une petite demi-heure pour le déjeuner (riz et poulet dans un "hotely" pour un peu moins d'un euro avec une demi-portion de riz) la moyenne horaire n'est pas terrible.

Mais elle aurait été à peine meilleure avec un "taxi première classe". En cause :

. le profil de la route, avec beaucoup de pentes – sauf les cent derniers kilomètres- et de virages ;

. d'innombrables ponts, surtout dans la dernière partie plate, avec gendarmes couchés en entrée et en sortie bien souvent. A signaler le pont métallique sur la Betsiboka, particulièrement long, et un beau pont suspendu plus loin. Les anciens du Génie remarquent aussi un pont Bailey -donc "provisoire"- qui double un pont métallique banal désaffecté quelque part ;

. la systématisation des gendarmes couchés en début et fin des zones habitées : un grand progrès pour la sécurité des habitants ! Nous avons le souvenir de ces minibus traversant les rues à tombeau ouvert en klaxonnant à qui mieux mieux ;

. quelques portions dégradées - nids de poule évoluant vers le nid d'autruche- principalement sur le dernier quart de l'itinéraire Tana-Majunga, qui obligent le chauffeur à fortement ralentir pour négocier une trajectoire ;

. à partir de 17 h 45 les phares sont nécessaires, et le croisement des véhicules d'en face, notamment des camions, sur une voie potentiellement trouée et assez étroite, oblige à ralentir nettement.

Au total une journée qui n'est pas de repos. Difficile de dormir... Difficile de lire ou de faire des mots croisés...Une longue journée.

Peu après 20 h nous étions au stationnement de l'avenue de l'Indépendance à Majunga. Restait à choisir un taxi pour nous conduire à Antanimasaja, au Centre de formation Don Bosco où nous attendaient les Pères Julien (un Malgache) et Bepi (un Italien). Et le dîner. Avant d'occuper notre chambre pour un bon repos commencé dans la relative fraicheur de la nuit, tombée depuis longtemps.


A première vue rien de changé dans l'environnement et les activités du pays. Hélas … concernant les feux de brousse ! Passer dans la nuit avec des flammes au bord de la route, on s'en serait dispensé.
Notre minibus était moins chargé que celui de la photo, prise à une pause à 150 km environ de Majunga.

Ecrit le 9 juin.



dimanche 7 juin 2009

Bonne arrivée !


7 juin 2009


Nous y voilà ! Sur l’Ile Rouge, alias Grande Ile. A peu près à l’heure prévue.
Fara-Tiana nous attendait au sortir de la douane, passée sans encombre.
Et nous avons roulé nos valises sur les quatre cents mètres qui séparent l’aérogare d’Ivato de la maison provinciale des Salésiens : trois valises pour trois personnes, c’est faisable. Il suffit de résister aux sollicitations des taxis !

Dans l’après-midi nous avons déjà goûté aux embarras de la circulation urbaine. Il suffit d’un camion en panne pour provoquer une thrombose. L’état des taxis est pire que tout ce que nous avons déjà emprunté. En l’occurrence une 2CV poussive, et une 4L brinquebalante.

A première vue pas de trace de la crise, si ce n’est cette aggravation de l’état des véhicules. Pas encore vu de militaires : seulement des gendarmes. La population vaque à ses occupations de toujours.

Demain nous traverserons le pays, pas en profondeur, puisque nous serons sur la nationale 4.
Ce n’est pas au bord de cette route que nous verrons des lémuriens en liberté !

Celui que vous voyez en photo est au bras d’un jeune hébergé ici chez les Salésiens. Agé de quelques mois, il l’a récupéré malade je ne sais où. Il fait le difficile : il ne mange (essentiellement des végétaux) que ce qu’on lui donne à la main.

Quant à nous, nous avons déjà eu droit aux bananes, au riz, à la viande de zébu, mais aussi aux litchis et aux oranges, et encore …aux spaghettis à nos trois repas !